L’adaptation de l’école aux enjeux climatiques et la réforme des lycées professionnels sont actuellement au cœur des travaux de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale. Dans cet entretien, la députée Renaissance du Finistère, Graziella MELCHIOR, détaille les ambitions que portent ces deux chantiers et esquisse des pistes d’évolution.
Madame la Députée, vous êtes co-rapporteure d’une mission d’information sur l’adaptation de l’école aux enjeux climatiques. Pouvez-vous nous préciser le cadre de cette mission et ses différents axes ?
Cette mission d’information vise à rendre compte d’une part, de l’adaptation de l’institution scolaire aux conséquences du changement climatique et, d’autre part, de sa contribution à la lutte contre ce phénomène. Ses travaux concernent aussi bien les aspects pratiques du fonctionnement de l’école (rénovation du bâti scolaire, aménagement des espaces, évolution de l’offre de restauration…) que les activités d’enseignement (prise en compte des enjeux climatiques dans les programmes scolaires, formation des enseignants, calendrier des enseignements ou examens…). La mission englobe plus largement les notions de sobriété énergétique, de qualité environnementale, de transport, ainsi que de sensibilisation des élèves et de la communauté éducative.
Nous menons actuellement de très nombreuses auditions, aussi bien des chercheurs du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), que des enseignants ou des architectes, des élus ainsi que des professionnels des secteurs concernés. Nous allons notamment auditionner les représentants nationaux de votre fédération. Cette mission nous conduit également à visiter des établissements pour découvrir des bonnes pratiques partout en France.
En septembre ou octobre prochain, un rapport contenant diagnostic et propositions sera présenté aux membres de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation puis remis au Ministre de l’Éducation nationale.
L’un des volets porte sur la rénovation et la consommation énergétique des établissements scolaires, un enjeu majeur pour le secteur du bâtiment. Pouvez-vous nous détailler ce point ? Parmi les auditions que vous avez réalisées, est ce que des premières préconisations se dégagent ?
En effet, cela va créer des opportunités importantes pour le secteur du bâtiment. Le Gouvernement vient d’annoncer le lancement du plan « EduRenov » : il s’appuiera notamment sur la Banque des Territoires qui investira 2 milliards d’euros pour financer la rénovation de 10 000 écoles d’ici 2027. Nous auditionnons actuellement sur ce sujet différents acteurs et pensons à des propositions permettant à la fois d’amplifier la vague de rénovation et de mieux accompagner les élus des petites communes dans l’ingénierie de ces projets. Des outils financiers pourraient aussi être développés pour soutenir l’investissement des communes, se fondant notamment sur les économies d’énergie qu’elles réaliseront grâce à ces travaux. Il sera essentiel que l’Etat communique massivement sur ces opportunités auprès des élus et que les professionnels soient aussi en soutien. Nous nous appuierons certainement sur les préconisations du rapport sur le bâti scolaire de la sénatrice du Finistère Nadège HAVET.
Un autre sujet anime fortement les professionnels du bâtiment, c’est la formation de leurs futur(e)s salarié(e)s. En tant que membre de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation, vous avez participé aux travaux de réflexion sur la réforme des lycées professionnels. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les objectifs de cette réforme sont pluriels : offrir à tous les élèves les mêmes opportunités de réussite professionnelle ; lutter contre le décrochage scolaire ; améliorer le taux d’insertion professionnelle et la réussite de poursuites d’études des élèves. Les premières mesures seront déployées à partir de la rentrée 2023 et généralisées à la rentrée 2024. Cette réforme vise aussi à mettre en adéquation les besoins des secteurs professionnels avec l’offre de formation. Nous devons opérer une transformation de l’offre de formation afin de répondre aux grandes transitions de notre économie et de garantir aux élèves une poursuite d’études ou une insertion dans l’emploi, d’autant que de nombreuses entreprises peinent à recruter. 1 milliard d’euros sera investi annuellement dans le lycée professionnel, en particulier dans les plateaux techniques, et des bureaux des entreprises seront créés dans chaque lycée pour faciliter la mise en relation et le suivi. Enfin, une gratification pour les périodes de stage sera attribuée à chaque lycéen. Nous comptons maintenant sur les professionnels pour accueillir tous ces jeunes !
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